Expérimentation au vignoble : moteur du renouvellement des pratiques
Depuis la domestication des animaux et l’invention du joug (-3 000 av. Jc), les techniques agricoles n’ont cessé de se perfectionner. De nos jours, l’agriculture et la viticulture font face à des enjeux de productivité et durabilité, qui constituent les lignes directrices de l’innovation agricole (AgTech).
A l’échelle de l’exploitation viticole, l’adoption de techniques culturales innovantes passe par une phase d’expérimentation préalable sur de petites surfaces, dans le but de vérifier leur faisabilité et leur résultat sur la production avant de les généraliser sur toute la surface du domaine.
La démarche expérimentale s’appuie sur la mesure de l’effet d’un facteur choisi (produit, technique ou outil) sur un objet d’étude (la vigne, le vin , le sol, etc…). Elle implique un contrôle de la stabilité des facteurs de production, à l’exception du facteur à tester, afin de pouvoir établir un lien de causalité entre les modalités étudiées et le résultat obtenu. Ainsi, seul le paramètre décliné dans chaque modalité pourra être responsable des effets observés.
1. Élaborer votre essai
Un essai doit permettre de répondre à une question claire, posée au préalable par l’exploitant, du type :
– ce nouveau produit est-il plus efficace que celui que j’utilise déjà ?
– quel est le meilleur réglage pour cet outil ?
– quel est l’effet de cette nouvelle technique sur la vigueur ?
Pour chacune des ces questions, l’exploitant devra imaginer des modalités de travail (exemple : réglage 1, réglage 2, réglage 3) qu’il appliquera dans des zones dédiées de la parcelle d’essai (groupes de rangs).
Selon le sujet traité, il conviendra de conduire des mesures et des observations en parcelle pour chiffrer les différences entres modalités (exemple : mesures de vigueur, fréquence et sévérité des attaques maladies, stress hydrique en lien avec la gestion de l’enherbement). La définition des indicateurs à suivre est une étape importante dans la préparation de l’essai.
2. Bien choisir sa parcelle
La thématique de l’essai guide le choix de la parcelle. Ainsi, les parcelles présentant un fort enherbement endémique sont indiquées pour accueillir des essais de désherbage, des parcelles sensibles aux maladies se prêtent aux essais phytosanitaires, alors que des parcelles vigoureuses sont recherchées pour l’évaluation de nouveaux modes de taille ou de palissage.
Une fois la parcelle choisie, il conviendra d’implanter l’essai dans une zone homogène en sol, matériel végétal, densité de plantation et conditions de croissance, sous peine de biaiser les résultats sans perspective d’interprétation possible. La réalisation de cartographies agronomiques au préalable permettra de déceler la présence de facteur d’hétérogénéités.
Dupliquer l’essai sur plusieurs sites dont les conditions de croissance diffèrent peut également s’avérer utile pour cerner les limites du facteur étudié (exemple : l’espèce de couvert X peut être performante en conditions séchantes mais impossible à implanter en conditions humides).
3. Les indispensables témoins
La présence d’une (ou plusieurs) modalités témoin est indispensable pour poursuivre l’analyse de l’essai. Les témoins « 0 » sont utiles à la qualification du contexte (exemple : témoin zéro traitement ou non désherbé) et pourront permettre d’analyser les résultats au regard des conditions de l’année.
Les témoins « pratiques standards », calés sur la pratique de l’exploitant, sont également utiles pour comparer les nouvelles techniques avec celles déjà présentes sur l’exploitation.
Il est déconseillé d’implanter un témoin à l’extrémité d’une parcelle, souvent soumise à des effets de bordures non maîtrisables.
4. Délimiter clairement la zone d’essai et les modalités sur le terrain
Chaque année, de nombreux essais sont « gâchés » par une action culturale mal coordonnée : traitement phytosanitaire sur témoin, surdose ou inversion de produit. Pour éviter cela, il convient de baliser efficacement les zones d’essais et les témoins avec des objets voyants : rubalise, panneaux de couleur flashy, etc…
Une astuce majeure réside dans l’expérimentation en « groupes de 3 rangs entiers », pour simplifier la gestion, la conduite quotidienne, la mesure des indicateurs et l’interprétation des résultats de l’essai.
5. Suivre les indicateurs agronomiques tout au long de la saison
Pour statuer sur l’effet du facteur étudié, l’expérimentateur devra observer et effectuer des mesures objectives, dont l’analyse conduira à valider ou infirmer l’hypothèse de départ. Les mesures à conduire dépendent bien évidemment de l’objet d’étude.
Si les mesures finales sont importantes (quantité/qualité du vin, appréciation de la maîtrise de l’enherbement ou efficacité du produit), il est recommandé d’effectuer plusieurs séries de mesures au long du cycle, en cohérence avec les stades clefs du cycle de la vigne : fin débourrement, mi-floraison, fermeture et véraison. Multiplier les mesures permettra d’interpréter les résultats au prisme du millésime et au regard des phases clefs du développement de la vigne.
Les outils Scanopy pour suivre les expérimentations :
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